Nombreux sont les textes de Nietzsche présentant une tonalité nettement spirituelle. Parmi eux, le § 295 de "Par-delà bien et mal" tient une place privilégiée. Il y est question de cet extraordinaire "génie du cœur" qui n'est autre que Dionysos duquel Nietzsche se présente comme le disciple, l'initié, et grâce auquel - comme "caressé par un vent de dégel" -, il lui est donné de trouver "la goutte de bienveillance et de douce spiritualité recouverte par la glace trouble est épaisse...".
Ce texte évoque aussi un autre élément capital pour qui s'intéresse à la richesse de la spiritualité nietzschéenne : l'élément alcyonien. - "Le dieu tentateur se mit à sourire de son sourire alcyonien". D'après Maël Renouard (dans la préface à sa traduction d'"Ainsi parla Zarathoustra"), "Ecce homo célèbre l'alcyonisme de Zarathoustra comme l'un des attributs principaux de sa grandeur. Son poème est un "chant d'alcyon". Mais de quel alcyon la lignée est-elle revendiquée ? L'alcyonisme de Nietzsche retient à la fois la beauté ample et calme de l'oiseau de mer fabuleux, venu du plus lointain, en quoi Alkyoné, fille d'Eole, fut métamorphosée, et la force du géant Alkyoneus, fils de la terre qui ne pouvait mourir tant qu'il demeurait au contact de celle-ci - elle le faisait revivre chaque fois qu'il tombait abattu sur elle, et Zarathoustra revendique la fidélité à la terre contre la fabulation des arrière-mondes".
